
Semaine Olympique et Paralympique : Interview de Muriel Hurtis
Publié le 05/02/2021
En cette Semaine Olympique et Paralympique, Muriel Hurtis a accepté de nous parler des valeurs du sport, du monde amateur et de ses meilleurs souvenirs des Jeux.
Championne d’Europe, championne du Monde et médaillée de bronze aux Jeux d’Athènes en 2004, Muriel Hurtis s’investit aujourd’hui dans le sport en tant que consultante et ambassadrice, notamment via le programme « Le Sport pour Valeur » du Crédit Agricole de notre région. Le sport amateur, et donc le football, font aujourd’hui partie de son quotidien.
La SOP partage des valeurs éducatives, citoyennes et bien sûr sportives, pouvez-vous nous en dire plus ?
M.H : C’est vrai qu’en tant qu’ancienne Olympienne puisque j’ai eu la chance de faire 4 Jeux Olympiques, cette Semaine Olympique et Paralympique représente toutes les valeurs que j’ai pu moi-même côtoyer. Des valeurs de partage, d’engagement dans ce que l’on fait, des valeurs de solidarité, de respect de l’autre… L’Olympisme est vraiment une philosophie. C’est aussi un aboutissement, le fait d’arriver à un objectif à la suite de l’engagement que l’on a pu fournir durant plusieurs années de préparation.
La sédentarité est de plus en plus présente dans la population et notamment chez les jeunes, encore plus avec la situation actuelle. Quels conseils et encouragements leur donneriez-vous pour remédier à cela ?
M.H : C’est vrai que c’est dur en ce moment pour tous ces jeunes qui ne peuvent pas pratiquer parce que les clubs sont fermés. Des jeunes qui se laissent du coup aller, qui ne bougent plus qui ne se dépensent plus. Donc ce que je peux leur donner comme conseil c’est de continuer à faire du sport, de trouver d’autres moyens pour continuer à pratiquer. On peut avoir une activité sportive maintenant de manière différente notamment avec les tutos. C’est vrai que les clubs essayent de garder le lien avec les licenciés en proposant des entraînements en ligne, en visio.., donc il faut vraiment continuer à aller sur ce terrain-là. Effectivement c’est de la pratique à distance mais dans le fond cela permet à tous ces jeunes de se dépenser et de bouger pour ne pas rester dans une sédentarité qui peut être très dangereuse pour eux. Il faut trouver d’autres moyens de faire du sport et s’y tenir en se donnant des petits objectifs durant cette période que l’on vit.
Votre rôle au sein du Crédit Agricole vous amène à côtoyer le monde du football, cela vous a-t-il fait découvrir autrement ce milieu et notamment le football amateur ?
M.H : J’aime vraiment le sport en général mais c’est vrai que je connaissais seulement de loin le monde du football. Aujourd’hui je suis beaucoup plus en contact avec le monde amateur qu’auparavant car il est vrai qu’en tant qu’athlète en activité je suivais davantage le football professionnel. Maintenant, je m’intéresse plus au sport amateur dont le football fait partie. C’est important d’aider le secteur amateur parce que c’est ce qui fait l’image du sport, même si le sport professionnel a une grande place. Il y a des millions de personnes qui pratiquent le sport de manière amateur et il faut aussi les mettre en avant, c’est très important.
Des épreuves olympiques auront lieu dans les Bouches du Rhône, pensez-vous que cela va être une source de motivation supplémentaire pour la jeunesse de notre territoire ?
M.H : Oui complètement ! Les Jeux restent un événement mondial, donc tous les regards seront tournés vers cet événement pendant ces semaines de compétitions. Forcément cela va susciter des envies chez les jeunes, cela va les attirer vers le sport et cela va leur donner envie de pratiquer, découvrir les sports qu’ils vont pouvoir suivre durant les Jeux. C’est important et je pense que les Jeux sur notre territoire et en France peuvent apporter beaucoup à la jeunesse qui va pouvoir voir ce que c’est aussi une compétition, de vivre les Jeux. C’est vrai que ce n’est pas donné à beaucoup de pays de vivre les Jeux, c’est seulement tous les 4 ans, la France s’est battue pour les avoir et aujourd’hui on est très contents qu’ils aient lieu ici. C’est une compétition qui va rejaillir sur la jeunesse et j’espère que le sport deviendra plus présent pour eux, jusqu’à ce qu’on arrive à avoir une culture sportive dans notre pays.
Que conseilleriez-vous aux jeunes sportifs et aux champions de demain pour atteindre leurs objectifs ?
M.H : Pour aller aux Jeux de 2024, il faut déjà être discipliné puisque le sport de haut niveau c’est de la discipline, c’est de la rigueur et ça c’est important de s’y tenir. Après il faut aussi être passionné, aimer ce que l’on fait. Si on n’aime pas sa pratique sportive je ne vois pas comment on peut réussir. Il faut aussi travailler son mental parce que le mental quand on est athlète est très important, c’est ce qui peut faire la différence. On s’aperçoit qu’il y a beaucoup d’athlètes champions à l’entraînement et quand ils sont en face de leur objectif, ils peuvent perdre leurs moyens. Donc le mental est à travailler, et puis tout simplement, il faut continuer à s’entraîner pour améliorer ses qualités physiques.
Pour vous, quelles évolutions dans le sport et quelles valeurs vont apporter les Jeux de Paris 2024 ?
M.H : J’espère que le sport va évoluer de manière à ce qu’il soit plus considéré. C’est vrai qu’on le voit par exemple tout simplement sur la situation que l’on vit, c’est un secteur qui est vite mis de côté. Donc j’espère que le sport sera beaucoup plus mis en avant, que l’on va prendre conscience que c’est vraiment un équilibre pour tous ces jeunes. Un équilibre à la fois physique et mental et que ça leur permet également d’être plus disponible dans l’apprentissage. Il est important d’en prendre conscience. Les Jeux peuvent être un tremplin pour toute la nation, pour tous ces jeunes qui vont s’investir de plus en plus dans une pratique sportive, ou qui vont s’orienter dans les secteurs du sport car le fait d’accueillir un tel événement leur aura donné envie.
Pour finir pouvez-vous partager avec nous votre meilleur souvenir des Jeux en tant que spectatrice, puis en tant qu’athlète ?
M.H : En tant que spectatrice, je dirai les Jeux d’Atlanta en 1996. C’est la première fois que je suivais les Jeux et j’ai le souvenir de la victoire de Marie-José Perec sur 200m. Cela a vraiment été un grand moment et c’est ce qui a fait un déclic chez moi, c’est ce qui m’a donné envie de participer aux Jeux et d’aller faire pareil, d’essayer de monter sur un podium. Alors je n’ai pas eu le même parcours qu’elle parce que c’était une athlète exceptionnelle, mais c’est vraiment un souvenir pour moi en tant que spectatrice. Je me suis levée la nuit pour aller voir cette finale qui m’a fait rêver pendant de nombreuses années.
Puis en tant qu’athlète qui ai participé, je pense que c’est la médaille de bronze que j’ai eu sur les Jeux d’Athènes en 2004 qui reste mon meilleur souvenir.
Un grand merci à Muriel Hurtis d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions à l’occasion de cette Semaine Olympique et Paralympique 2021.